Sunday, February 21, 2010

Lory Bedikian: Night in Lebanon

Click here for the audio clip Night in Lebanon read by the author Lory Bedikian.

The youngest boy, with his ulcer,
sleeps. His lower lip pulsates, a small fish
breathing. A bed of torn pillows, cradles four
of them, two brothers, two sisters—
curved, quiet on the living room floor.
Buzzing, the open window has its mouth full
of street lights, mosquitoes, those who stay
awake. Peeled paint on the ceiling, the door

sheds the skin it wore through
a drawn-out, twenty-year civil war.
The parents sleep in a room full of faith
hammered to the walls. Posing, a copper
cross, its inscription in Armenian asks
for blessings of God upon this home.
Through the mother’s sleeping lips a prayer
slips, rises, drifts and hovers above the boy

who dreams: he’s a grown man
spinning yarn around their home
until it’s as thick as a bombshell.
Then, cane in hand, walking through a cedar
grove, he drops a string of worry
beads into a well. Cracking a pumpkin
seed open with his teeth, he tastes
childhood in each closed casing.

In the morning, a thin scroll
of bread filled with tomato paste, oil, mint
will start the hurried day. But now, he sleeps
as he did the day he was born. Stillness
enters his lip, his mouth finally rests,
breathing as he will when his is older
than this war whose finger has carved a scar
in him, the size of an eye that will not close.



"Night in Lebanon" appeared in the Crab Orchard Review and was reprinted in Blue Arc West: An Anthology of California Poets. It has also appeared in Poets Against War.

Nuit au Liban


Le plus jeune, avec son ulcère,
dort. Sa lèvre inférieure palpite, tel un petit poisson
qui respire. Le lit aux oreillers déchirés berce
les quatre, deux frères, deux sœurs –
pelotonnés, calmes sur le sol du salon.
Bourdonnante, la fenêtre ouverte et sa gueule emplie
des lumières de la ville, de moustiques, de ceux qui sont
éveillés. Peinture écaillée au plafond, la porte

se défait de la peau qui fut sienne durant
une interminable guerre civile, de vingt ans.
Les parents dorment dans une pièce emplie d’une foi
clouée aux murs. Apposée, une croix
de cuivre, son inscription en arménien appelle
la bénédiction de Dieu sur cette maison.
Des lèvres de la mère endormie une prière
se glisse, s’élève, dérive et volète autour du garçon

qui rêve : il est cet homme adulte
tissant un fil autour de leur maison
jusqu’à ce qu’il ait l’épaisseur d’un obus.
Puis, un bâton en main, traversant un bosquet
de cèdres, il jette un komboloï à perles
dans un puits. Fendant une graine
de citrouille avec ses dents, il éprouve
son enfance dans chaque enveloppe close. 

Au matin, une fine tranche
de pain emplie de jus de tomate, d’huile, de menthe
ouvrira le jour qui presse. Pour l’heure, il dort
comme il le faisait à sa naissance. L’immobilité
gagne ses lèvres, sa bouche enfin se repose,
respirant comme il le fera quand son souffle est plus ancien
que cette guerre dont le doigt a découpé une cicatrice
en lui, grosseur d’un œil qui ne se referme pas. 

Adaptation : Georges Festa - 02.2011

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